La scène pourrait se déroulait en bien des lieux car le lecteur est plongé immédiatement dans un huit clos : une pièce sombre, vide de tout ornement, où repose un homme blessé. Dehors, la guerre, la folie, l'horreur et le chant du mollah. Une femme veille cet homme, ce mari, maigre et silencieux. Pour tout signe de vie, un faible souffle régulier venant à rythmer le temps, les jours, les semaines. Cet homme, ce héros de guerre, qu'elle n'a pas choisi, devient au fil des jours sa pierre de patience, sa syngué sabour: elle lui parle, comme jamais elle n'a pu le faire, lui confie ses secrets, ses désirs, ses espoirs. Elle lui parle d'amour. Elle se libère, bien malgré elle, des carcans d'une société de non-droits, de non-dits. Elle devient femme.
- John